Beaucoup de gens ont du mal a comprendre comment
quelqu'un peut pratiquer le zen et les arts martiaux. Ils voient une
opposition entre le bouddhisme, voie de la paix et les
arts martiaux, voie de la guerre.
En 1868, la restauration Meiji abolit
au Japon la dictature militaire du shogunat Tokugawa et la classe des
samourai.
Selon qu'ils furent crees avant ou apres cette restoration Meiji, les arts martiaux japonais peuvent être classés
en 2 groupes :
Les
arts Koryu
datent
d'avant la restauration Meiji. Ce sont les techniques et stratégies
de combat originales propres à un clan. Leur
but principal était d’assurer la survie d’un clan. Il
ne s'agissait pas de développement personnel mais de tuer ou de
neutraliser un ennemi. Ainsi
leurs
noms
se termine souvent par le terme "jutsu". Ju
Jutsu, Kenjutsu, Aikijutsu…
Les arts
Gendai ont été développés après la restauration Meiji pour être
enseignés à tous les membres de la société japonaise. Bien
qu’enracinés dans les arts Koryu et que certaines des techniques
qu'ils utilisent puissent être mortelles, les arts Gendai sont
davantage axés sur le développement personnel. C'est pourquoi
leurs noms se terminent souvent par "do".
Judo, Kendo,
Aikido...
Considereant
que les arts Gendai sont une
méthode de développement
personnel, il est facile de comprendre comment la
pratique leur
pratique peut
être conciliée
avec celle du
bouddhisme.
Il
est plus difficile de comprendre comment les arts Koryu, développés
non comme un art, mais comme des
techniques visant a neutraliser - souvent en le tuant - un
adversaire, le
sont.
Dans "The Kyosaku", Matsuoka Roshi
raconte l'histoire d'un Ronin (samouraï sans maître) qui, en
arrivant dans un village au milieu de la
journée, sentit
que quelque chose ne tournait pas rond.
Personne aux champs,
des rues
désertes, on n’entendait même pas les rires
des enfants
Ayant fait le tour du village le ronin arriva
devant une belle maison. Plusieurs personnes étaient la, qui lui
apprirent qu'un voleur, pris en flagrant délit de vol dans cette
maison, s’y était barricade et y retenait a présent un enfant en
otage.
Le ronin alla voir le prêtre du village. Il lui
demanda de lui raser la tête et de lui prêter sa robe. Ainsi il
ressemblerait a un moine. Il se rendit alors chez le voisin, y prit 2
bols de riz fumant, puis pénétra dans la cour de la maison où
l'enfant était retenu en otage, portant les 2 bols de riz devant
lui.
Arrivé
devant la maison, lorsque
le voleur lui
demanda
ce qu'il voulait
le ronin lui dit
qu'il apportait un bol de riz pour l'enfant et un pour lui.
Le voleur le laissa entrer.
On entendit un bruit sourd et un grognement, et
le Ronin ressortit avec l'enfant vivant.
Il avait jeté le riz
brûlant au
visage du voleur et l'avait
tué avec son sabre.
Katsujinken
est
le sabre
qui donne la vie. Il
se manifeste dans l'autonomie,
la simplicité,
l’intrépidité
et la compassion dont
fit
preuve le Ronin.
Ce
savoir faire qui va bien au delà de la maîtrise technique,
c'est
l'esprit du Zen.
Note: Cette histoire est également racontée
au début du film "Les sept samouraïs" d'Akira Kurosawa.