dimanche 26 mars 2023

Zen, Bouddhisme et Chemin Octuple


Souffrance et cessation

Après avoir réalisé l’éveil sous l’arbre de la Bodhi, le Bouddha se rendit a Sarnath ou il retrouva ses compagnons dans le Parc des Gazelles. C’est a eux qu’il dispensa son premier enseignement, celui des Quatre Nobles vérités.

Ces quatre nobles vérités sont :

  1. la vérité de l'existence de la souffrance,

  2. la vérité de l'origine de la souffrance,

  3. la vérité de la possibilité de la cessation de la souffrance,

  4. la vérité de la voie qui mène à la cessation de la souffrance

     

    Bouddha prechant le Chemin Octuple

Plus tard, le Bouddha dispensa d’autres enseignements, plus detailles mais toujours relatifs a la souffrance et sa cessation. Quoique puissent en penser certains, ces enseignements ne contredisent jamais l’enseignement initial des quatre noble vérités.

Mon but étant d’expliquer la particularité du Zen au sein du Bouddhisme, je ne m’étendrai pas ici sur les 3 premières vérités.

La 4eme vérité sur la voie qui mene a la cessation de la souffrance explicite un mode de vie a suivre. Le Chemin Octuple comporte 8 points :


Ces points sont — selon l'ordre initialement présenté par le Bouddha :

  1. Vue ou compréhension juste (de la réalité, des quatre nobles vérités) ;

  2. Pensée juste (dénuée d'avidité, de haine et d'ignorance).

  3. Parole juste (s’abstenir de mentir, calomnier, parler grossièrement, ou bavarder oisivement)

  4. Action juste (respecter les Cinq Préceptes, Note1 )

  5. Moyens d'existence justes; (Note 2)

  6. Effort juste (s’abstenir de ce qui est nefaste et entreprendre ce qui est favorable)

  7. Attention juste (pleine conscience de soi, du corps, des émotions, des pensées, des autres, de la réalité)

  8. Concentration juste (dans la meditation)

     



Ce Chemin Octuple est aussi parfois décrit comme le Chemin Triple (Note 3)

 

Evolutions et variations du Bouddhisme

Au cours des siecles le Bouddhisme s’est adapte a diverses cultures et des variations ont vu le jour. Ces variations reconnaissent la validité des 4 Nobles vérités et la nécessite de suivre le Noble Chemin Octuple pour atteindre l’eveil. (Réaliser la cessation de la souffrance). Une école de pensée ou un soit-disant maître qui prêcherait l’abandon de l’un ou de l’autre des points du chemin octuple serait profondément fourvoyée au sens du Bouddhisme.


Zen et le Chemin Octuple

Résultat de la rencontre du Bouddhisme Indien et du Taoisme Chinois, le Zen vit le jour en Chine.

Dans le Zen, nous accordons une importance majeure aux 2 derniers points du chemin octuple : 

  • Attention.
  • Concentration.

Notre méthode de méditation (Zazen) utilise généralement (mais pas toujours – Note 4) la respiration pour aider a la concentration de l’esprit, l’attention aux perturbations (lorsque l’esprit poursuit d’autres stimulations que celles de la respiration), nous ramène a cette respiration et a la concentration.

Cela ne signifie absolument pas que nous ne suivons pas les autres points de la voie.

L’atteinte d’un grand niveau de concentration ou de pleine conscience peut avoir des effets remarquables sur nos capacités mentales ou même physiques. Mais si nous ne sommes pas capables d’utiliser celles ci pour le bien commun, nous allons immanquablement generer de la souffrance autour de nous. Cela serait en totale contradiction avec le but du Bouddhisme.

En résumé, et c’est très important, s’il est vrai que le Zen accorde une grande importance a l’attention et la concentration, cela ne nous dispense en aucune maniere de respecter les autres points du Chemin Octuple. (Note 5)

 

Les disciples du Bouddha adorent les 4 nobles verites et le Noble Chemin Octuple


NOTES

Note 1 : Les 5 preceptes :

  • s'abstenir de tuer toute créature vivante ;

  • s'abstenir de voler ;

  • s'abstenir d'inconduite sexuelle ;

  • s'abstenir de paroles fausses ;

  • s'abstenir d'utiliser drogues et poisons

Note 2 : Moyens d’existence justes :

Les Moyens d’existence Justes visent à garantir que l'on gagne sa vie d’une manière juste.

La richesse doit être acquise selon certaines normes. Il ne faut l'acquérir que par des moyens légaux ; il faut l’acquérir pacifiquement, sans contrainte ni violence ; il faut l’acquérir honnêtement, pas par la ruse ou la tromperie ; et il faut l'acquérir de manière à ne pas causer de mal et de souffrance à d’autres. Le Bouddha mentionne cinq façons de gagner sa vie qui font du mal aux autres et sont donc à éviter :

  • le commerce des armes,

  • le commerce d’êtres vivants (cela inclut l’esclavage et la prostitution mais aussi l’élevage d’animaux destinés à l’abattage),

  • la production de viande de boucherie,

  • La production de poisons

  • Le commerce de substances intoxicantes (alcool, drogues…).

Note 3 : Le Chemin triple

Les 8 points du Noble chemin octuple sont parfois regroupes en 3 sections :

  • Prajñā; Sagesse, connaissance, Points 1 et 2

    Śīla : moralité, discipline, éthique. Points 3 à 5

    • 3. Parole juste (ne pas mentir, ne pas semer la discorde ou la désunion, ne pas tenir un langage grossier, ne pas bavarder oisivement) ;

    • 4. Action juste (respectant les Cinq Préceptes) ;

    • 5. Moyens d'existence justes ou profession juste.

  • Samādhi — effort, attention, concentration. Points 6 à 8 :

    • 6. Effort ou persévérance juste (de vaincre ce qui est défavorable et d'entreprendre ce qui est favorable) ;

    • 7. Attention juste, pleine conscience ou prise de conscience juste (des choses, de soi - de son corps, de ses émotions, de ses pensées -, des autres, de la réalité) ;

    • 8. Concentration, établissement de l'être dans l'éveil (vipassana).

Note 4 : Concentration

Il existe de nombreuses méthode pour pratiquer la concentration. On peut concentrer l’esprit sur un motif graphique (Mandala), sur une formule orale (Mantra) sur une énigme (Koan) sur une sensation physique : respiration, ou sensations en divers endroits du corps (abdomen, moelle epiniere…)

Note 5 : Aberrations

Lorsque le Zen devint populaire a partir des annees 60 en occident, il ne fut pas toujours bien explique. Certaines personnes ayant une compréhension plus intellectuelle qu’experientielle du Zen s’improviserent Maitres ou enseignants sans avoir une bonne compréhension des principes du Bouddhisme. Ces influenceurs avant l’heure firent pas mal de degats en expliquant que le Zen consistait a faire tout et n’importe quoi sans aucune restriction éthique ou morale.

Il est également arrive que des maitres de Zen reconnus et ordonnes “petent un plomb” et considèrent que du fait qu’ils avaient atteint l’eveil, ils pouvaient se permettre de violer certains préceptes sans que cela ait aucune répercussion néfaste.

Ces gens sont dans l’erreur.



lundi 6 mars 2023

Courte histoire du Iai de Tosa

L’histoire du Iaijutsu commence traditionnellement avec  Hayashizaki Jinsuke

 

 http://knbk.org/wp-content/uploads/2012/12/jinsu2.jpg

Hayashizaki Jinsuke Minamoto no Shigenobu aurait vecu entre 1546 et 1621. Il avait quatorze ans lorsque son pere fut assassine dans une embuscade. Il se rendit alors dans un temple du village de Hayashizaki ou il s’isola pendant 100 jours pour y prier les kami (esprits) de lui accorder l'inspiration divine.

Son vœu fut exauce. Le gardien du temple lui suggéra de dégainer son sabre et de couper son adversaire dans un même mouvement. Un nouvel art martial était ne. Il devint connu sous le nom de "Battojutsu" puis sous le nom de "Iaijutsu".

Les techniques couplant degainage et coupe avaient ete utilisées auparavant mais Hayashizaki et ses disciples codifièrent systématiquement cet art. C'est pour cette raison qu'il est considéré comme le fondateur du iaijutsu.

Le jeune Hayashizaki retrouva finalement l’assassin de son père et le tua d’un seul mouvement en dégainant son sabre.

Il nomma son style Shinmei Muso Ryu, devint rapidement très connu et attira de nombreux samouraï souhaitant améliorer leurs techniques et réputations. Ils adoptèrent ses méthodes et les enseignèrent tout en développant leurs propres styles.

En 1616, vers l'âge de 69 ans et après avoir forme un grand nombre de disciples, Hayashizaki Jinsuke entreprit une Musha Shugyo (une quête guerrière) dont il ne revint jamais. 

 

Cette epoque vit une évolution rapide et importante du Iaijutsu. Le gouvernement Tokugawa legifera sur la longueur et l’utilisation des sabres. Leurs lames furent raccourcies et leur courbure diminuée. Les méthodes de port et d'utilisation évoluèrent également. Les sabres plus longs de la période precedente se portaient suspendus tranchant vers le bas, les nouveaux sabres se portaient maintenant passes dans l’obi (ceinture) tranchant vers le haut. Il fallu donc changer les méthodes de degainage. Ce changement eu lieu sous l'égide du directeur de 7eme génération de l'école : Hasegawa Chikaranosuke Hidenobu (Hasegawa Eishin).


Hasegawa Chikaranosuke Eishin Hidenobu, ne dans la province de Tosa Han sur l'île de Shikoku, devint directeur de la 7eme génération en 1610. Il eut une grande influence sur le style en en modifiant profondément la forme. Adaptant les anciennes techniques aux nouvelles méthodes de degainage il développa un ensemble de techniques pratiquees depuis la position semi-assise Tatehiza. Cette serie est toujours pratiquée de nos jours sous le nom de Hasegawa Eishin Ryu Tatehiza no Bu.

Le Jikiden Eishin Ryu se repandit sur le territoire du Tosa Han et devint une partie extrêmement importante de l'entraînement des guerriers de Tosa.

Hasegawa Eishin et les six précédents directeurs du style vivaient simultanément. Après sa mort, le ryu fut transmis au sein du clan Tosa durant 13 generations.


Omori Rokuzaemon Masamitsu avait étudié sous Hasegawa Eishin avant d'être expulse du Ryu. Ayant également étudie la cérémonie du thé a la cour impériale. Omori développa une serie de onze techniques a partir d’une position agenouillée (Seiza) dans le but d’enseigner conjointement etiquette et maniement du sabre aux samouraï. Cette série fut incorporee dans l’enseignement du Iai de Tosa sous le nom de Omori Ryu Seiza no Bu.


Les samourai du clan de Tosa pratiquaient donc simultanement Hayashizaki Shinmei Muso Ryu, Hasegawa Eishin Ryu et Omori Ryu. Ces 3 ecoles furent enseignees et pratiquées conjointement au sein du Iai de Tosa jusqu'à ce que Oe Masamichi, le dix-septième directeur les amalgame en creant le Muso Jikiden Eishin Ryu.


Oe Masamichi Shikei (1852-1927), 17eme génération fut l'un des directeurs les plus importants du Tosa Eishin-Ryu.

 



Oe Masamichi vivait au moment de la restauration de Meiji lorsque le port du sabre fut interdit. Cette reforme était une menace sérieuse pour la survie du iai. Le gouvernement Meiji lui demanda son aide pour établir une branche du Dai Nihon Butoku Kai à Kochi (Capitale du Tosa-Han)

Oe Masamichi combina les méthodes d'enseignement du Iai de Tosa et baptisa ce nouveau style Muso Jikiden Eishin Ryu.(MJER)

Il réorganisa le programme Eishin Ryu pour préserver la tradition et pouvoir l’enseigner a un public non-samourai. Il reduisit le nombre de waza d'environ 160 à un nombre gérable et les réorganisa en :

  • Shoden : Techniques démarrant de la position agenouillée Seiza de l’Omori Ryu,

  • Chuden : Techniques démarrant en position semi-assise Tatehiza de l’Hasegawa Eishin Ryu

  • Okuden : Techniques debout de l’Hayashizaki Shinmei Muso Ryu.

Il conserva les kata originaux pratiques a deux (kumitachi) en y ajoutant une serie destinee a l’education des debutants.


Oe Masamichi ne designa pas de successeur. Lorsqu’il mourut en 1927, cela conduisit à beaucoup de confusion et de variations dans la pratique du Muso Jikiden Eishin Ryu. Différentes branches (Ha) furent fondées par plusieurs de ses eleves.

La plupart des Muso Jikiden Eishin-Ryu enseignés aujourd'hui remontent à un ou plusieurs de ces hommes. La tradition d'Oe Masamichi Hanshi que j’enseigne a present en France s'est poursuivie à travers la lignée Masaoka-ha, reconnue par le Dai Nippon Butoku Kai, de Masaoka Kazumi à Carl Long.

Masaoka Kazumi (1896-1973) directeur de la 18eme génération, branche Masaoka-ha

Narise Sakahiro : Directeur de la 19eme generation

Miura Takeyuki : Directeur de la 20eme generation

Masayuki Shimabukuro : Directeur de la 21eme generation

Carl Long : Directeur de la 22eme generation


Grandes etapes de l'histoire du Iai de Tosa


MJER / Iai de TOSA


Directeur / Maitre


Dates

Generation

Style

Hayashizuki Jinsuke

Debut 17eme

1ere

Hayashizuki Ryu

(Shinmei muso Ryu)

Hasegawa Eishin

Debut 17eme

7eme

Eishin Ryu

(Jikiden Eishin Ryu)

Omori Rokuzaemon Masamitsu

Debut 17eme



Omori Ryu

Oe Masamichi

Fin 19eme – Deb. 20eme

18eme

Muso Jikiden Eishin Ryu (MJER)

Miura Takeyuki

1922 - 2012

20eme

MJER, Masaoka-ha

Masayuki Shimabukuro

1948 - 2012

21eme

MJER, Masaoka-ha

Carl Long

1956 -

22eme

MJER, Masaoka-ha



Notes :

1. Pendant 3 siecles, les techniques et strategies de ce qui devint au 20eme siecle le Muso Jikiden Eishin Ryu furent enseignees, raffinees et pratiquees exclusivement au sein du clan de Tosa dans l’Ile de Shikoku.


 

2. Ceci est une très courte histoire du Iai de Tosa sur une periode de 4 siecles couvrant une période de 4 siècles. De nombreux aspects intéressants de cette histoire ne sont pas traites ici. Elle est detaillee en anglais dans cet article de Carl Long Hanshi






































































Notes :

Ceci est une très courte histoire du Iai de Tosa sur une periode de 4 siecles couvrant une période de 4 siècles. De nombreux aspects intéressants de cette histoire ne sont pas traites ici. Elle est detaillee en anglais dans cet article de Carl Long Hanshi



Pendant 3 siecles, les techniques et strategies de ce qui devint au 20eme siecle le Muso Jikiden Eishin Ryu furent enseignees, raffinees et pratiquees exclusivement au sein du clan de Tosa dans l’Ile de Shikoku.